lundi 29 juin 2015

Regard


Avec ce duo anonyme,
Dans ce lieu improbable,
Perdu dans le brouhaha ,
Et les mouvements incessants de la foule,
Se joue une tragédie silencieuse,
Un moment d’intense émotion,
Comme on en vit rarement,
Et que seule la passion sait jouer.

Jeunes et élancées,
Si semblables,
Et pourtant si différentes.
L’une arbore ce style légèrement bourgeois,
Qu'on croise dans les beaux quartiers
L’autre androgyne,
Treillis cintré et rangers,
Pourrait partir à la guerre.
Mais dans ce face à face silencieux,
Qui ne sait se rompre,
Dans ce duel d’émotions contenues,
Où seuls les doigts se parlent,
Elles semblent d’égale à égale.
Photo Fred Stein
De ce tête à tête,
Ce mano à mano,
On ne sait la conclusion,
On imagine la douleur de la séparation,
Des bras qui se tendent,
Autant que se prend la distance.
Une déchirure qui rompt le charme,
D'un unisson qui s'est désaccordé, 
Une retraite tête basse,
Empreinte d'une lente résignation,
Et de cette douleur,
Qui ne sait retenir ses larmes,
Désormais solitaires.

Mais je préfère y voir l'espoir
D'un simple et délicieux "Au revoir",
Conclu dans le feu d'un dernier baiser passionné,
A l’image de ce corps à corps charnel,
Qui les a laissé épuisées mais comblées,
Encore enlacées sur la couche dévastée.
Plaisirs saphiques,
Qui vibrent toujours en elles,
Comme une longue houle d’océan,
Où pour un temps,
Elles doivent se perdre.

Oui, Mesdames,
Dans le final de ce "dernier" acte,
…. Belles !

jeudi 18 juin 2015

Renoncement


Hier soir,
J’ai croisé le visage de l’amour
Il avait ton regard, 
Presque tes traits,
Et avec cette tendresse qui rayonnait de lui,
Il était tout simplement beau.

Hier soir, 
J’ai croisé le visage de l’amour,
Et quand ses doigts ouverts,
Se sont posés avec douceur,
Sur la joue de l’être aimé,
Comme pour la dessiner,
J'ai ressenti la caresse d'un ange.

Hier soir,
J’ai croisé le visage de l’amour,
Et c’est d’un sourire complice,
Qu’il accueillait une main possessive
Sur sa cuisse de bas nylon revêtue,
Appel à de tendres audaces.

Hier soir,
J’ai croisé le visage de l’amour,
Et ses lèvres rouge carmin,
Légèrement entre-ouvertes,
S'offraient à ma bouche gourmande,
Comme un fruit d'été délicieux,

Hier soir,
J’ai croisé le visage de l’amour,
Il avait ton regard,
Mais parce tu n’a pas voulu y croire,
Ce soir, je suis triste de savoir,
Que ce ne sera jamais nous.

…Hélas!

dimanche 14 juin 2015

Rédemption


Sans hésitation,
Parce que tu le voudras,
Comme parfois on se livre à sa foi,
Dans cette posture humble,
Du pénitent qui cherche le pardon,
D’un passé trop lourd.
Tu déposeras dans ma main,
L’instrument de ta rédemption,
Et tu présenteras ton corps,
Pour que le bourreau,
Administre la sentence admise,
Cinq coups....
Le  premier,
T’assurera de la réalité du moment,
Après cette bien trop longue absence,
Quand le souffle, la chaleur,
Et les mots se refusent à l’autre,
Comme séparés par un point d’interrogation,
Jusqu’à  l’instant  présent de nos retrouvailles.

Le second,
Te rappelleras à cette douleur,
Celle de ce cœur que tu écartèles,
Et qui voudrait pouvoir exploser,
S’échapper du carcan d’un corps si étroit,
Dans ce mouvement réflexe,
Brasier qui sublime toute pensée.

Au  troisième,
Tu crieras tes regrets,
De cet acte que tu assumes,
Empli de nos peines imposées,
D’un temps perdu à se perdre,
De ces plaies à reconstruire,
Plutôt que de s’être aimé.

Quand le quatrième frappera,
Tu  affirmeras ta certitude
A vouloir accepter cet amour;
Parfois si difficile à vivre,
Tant il est douloureux de ces distances,
Que la vie nous impose encore,
Pour nous laisser, bien trop rares,
Ces délicieux moments intimes,
Faits de partage et de plaisir.
Au cinquième et dernier,
Tu laisseras enfin  éclater tes larmes,
Pleine de ce bonheur de s'appartenir,
Et d’être à nouveau réunis,
Pour construire ensemble un nouvel abri,
A nos amours tumultueuses.

Alors sur ta peau sacrifiée,
Je déposerai en signe de pardon,
Le souffle apaisant d'un baiser,
Sur ta joue où coule ton rimmel,
Ma langue gourmande,
Viendra lécher le sel lacrymale,
Et quand mes lèvres trouveront enfin ta bouche,
Elles y déposeront avec passion,
Cet amour si longtemps interdit.

Oh, s’il te plait,
Ne reviens pas sans ce courage que …

… Je t’espère !